Le sphinx du 42nd Regiment of foot

Mannequin présentant une tenue (replica) du 42nd regiment of foot, Waterloo, musée Wellington, 96/314/p – Exposition « Des Pharaons au Général ».

Le musée Wellington possède dans sa collection un mannequin présentant un officier du 42nd Regiment of foot réalisé dans les années 1980 à Londres, inventorié sous le numéro 96/314/p. La tenue est conforme à celle d’un officier présent lors de la bataille de Waterloo du 18 juin 1815 et la présence de la représentation d’un sphinx sur le colback et sur le sporran[1] pourrait étonner certains observateurs.

Cette représentation est une distinction militaire accordée au régiment pour sa conduite lors de l’expédition britannique en Egypte[2]. Ce régiment existe depuis 1739, c’est la plus ancienne unité écossaise de l’armée britannique. Le régiment participe au débarquement d’Aboukir du 8 mars 1801 et prend une grande part dans la sécurisation de la plage. Les hommes du 42ème capturent une dune qui surplombe la plage afin de tenir la cavalerie française à distance.

Lors de la bataille de Mandora du 13 mars 1801, le 42ème reste en réserve.

Le régiment participe également à la bataille d’Alexandrie du 21 mars 1801. Il s’empare de manière éphémère d’un drapeau français qui sera repris par un cavalier français. Les Écossais du 42ème s’élancent ensuite trop en avant et doivent former le carré pour repousser la cavalerie puis l’infanterie française, ce qu’ils font avec succès.

Le 6 juillet 1802, le régiment se voit décerner l’honneur de porter la mention « Egypt » surmontée d’un Sphinx.

 

[1] Sporran : Terme gaélique écossais signifiant sacoche. C’est un élément du costume traditionnel masculin des Highlands.

Détail de l’insigne du colback.

Le régiment combat ensuite sous le commandement de Wellington dans la Péninsule ibérique. Il termine cette campagne en France à la bataille de Toulouse en avril 1814.

Le 42ème fait partie des troupes déployée aux Pays-Bas en mai 1815 sous le commandement du Lieutenant-colonel Robert Macara afin de participer à l’invasion de la France programmée initialement en juillet. Il ne reste alors que 5 vétérans de la campagne d’Egypte comme le mentionne Bernard Coppens[1].

Les Écossais du 42ème se distinguent lors de la bataille des Quatre Bras du 16 juin 1815 en défendant vigoureusement le carrefour. Au cours de la bataille le lieutenant-colonel Macara est tué par des lanciers français. Les Ecossais ne voyant pas arriver la cavalerie française ont trainé à former le carré ce qui a permis aux lanciers français d’entrer à l’intérieur et d’y occasionner de nombreuses pertes. Néanmoins, ces derniers sont repoussés et le régiment reste opérationnel.

Lors de la bataille de Waterloo sous le commandement du Major Robert Henry Dick, le 42ème tenait le centre gauche du dispositif de Wellington derrière la ferme de la Haye Sainte. Ils furent relativement peu engagés.

 

[1] Coppens B, Courcelle P, Le chemin d’Ohain – Waterloo 1815, les carnets de la campagne nº2, Bruxelles, Editions de la Belle Alliance, 1999, P. 52.

 

Le régiment combat ensuite sous le commandement de Wellington dans la Péninsule ibérique. Il termine cette campagne en France à la bataille de Toulouse en avril 1814.

Le 42ème fait partie des troupes déployée aux Pays-Bas en mai 1815 sous le commandement du Lieutenant-colonel Robert Macara afin de participer à l’invasion de la France programmée initialement en juillet. Il ne reste alors que 5 vétérans de la campagne d’Egypte comme le mentionne Bernard Coppens[1].

Les Écossais du 42ème se distinguent lors de la bataille des Quatre Bras du 16 juin 1815 en défendant vigoureusement le carrefour. Au cours de la bataille le lieutenant-colonel Macara est tué par des lanciers français. Les Ecossais ne voyant pas arriver la cavalerie française ont trainé à former le carré ce qui a permis aux lanciers français d’entrer à l’intérieur et d’y occasionner de nombreuses pertes. Néanmoins, ces derniers sont repoussés et le régiment reste opérationnel.

Lors de la bataille de Waterloo sous le commandement du Major Robert Henry Dick, le 42ème tenait le centre gauche du dispositif de Wellington derrière la ferme de la Haye Sainte. Ils furent relativement peu engagés.

[1] Coppens B, Courcelle P, Le chemin d’Ohain – Waterloo 1815, les carnets de la campagne nº2, Bruxelles, Editions de la Belle Alliance, 1999, P. 52.

Patrice Courcelles, Uniforme du 42nd Regiment of foot (black Watch), paru dans Le chemin d’Ohain – Waterloo 1815, les carnets de la campagne nº2

Le choix du sphinx révèle un goût pour l’Egyptomanie qui arrive en Grande-Bretagne sous le nom d’Egyptian Revival en même temps que le style Retour d’Egypte en France[1]. Ce mouvement égyptomaniaque intervient comme l’un des composant du style Regency qui concerne l’art, l’architecture, la mode[2], la littérature et le mobilier. Ce style couvre la période du règne du roi Georges III et de la régence qui le caractérise[3]. À cette époque, nous assistons à une redécouverte intensive de l’antiquité.

En 1800, un opéra égyptien a été organisé à Londres, avec des décors et des costumes égyptisants. Ensuite, c’est William Capon qui propose une pyramide géante pour Shooter’s Hill. George Smith a conçu de son côté un tombeau orné de sphinx pour le général Ralph Abercromby tombé lors de la bataille d’Alexandrie.

Cette égyptomanie se retrouvera également sur le champ de bataille de Waterloo avec l’édification du monument hanovrien en face de la ferme de la Haie-Sainte[4].

Le mannequin exposé fut fort logiquement sélectionné, par le Professeur Warmenbol et moi, pour son intérêt égyptomanique dans l’exposition « Des Pharaons au Général » qui se tient au musée Wellington entre le 16 juin 2023 et le 15 janvier 2024. Il évoque aussi la campagne d’Egypte britannique et le lien qui unit ce fait militaire à la bataille de Waterloo.

 

[1] Sur le sujet: Curl J-S, The Egyptian Revival, London, Routlege, 2005.

[2] Le musée Wellington expose une réplique d’une robe Regency dans la salle du « bal de la duchesse de Richmond ».

[3] Période de l’histoire du Royaume-Uni qui se déroule de 1811 à 1820.

[4] Warmenbol E, Le lotus et l’oignon. Égyptologie et Égyptomanie au XIXème siècle, Bruxelles, Timperman, 2012.

Badge d’un régiment du Lincolnshire, avec un sphinx couché et l’indication « Egypt », XXème siècle, collection Eugène Warmenbol – Exposition « Des Pharaons au Général »

Aujourd’hui encore, des soldats Britanniques portent ce badge en souvenir des combats menés par leur aïeux dans les sables égyptiens.

Quentin Debbaudt, coordinateur scientifique du musée Wellington et co-commissaire de l’exposition « Des Pharaons au Général ».

 

Bibliographie

Coppens B, Courcelle P, Le chemin d’Ohain – Waterloo 1815, les carnets de la campagne nº2, Bruxelles, Editions de la Belle Alliance, 1999.

Curl J-S, The Egyptian Revival, London, Routlege, 2005.

Debbaudt Q, « l’expédition britannique d’Egypte » in Des Pharaons au Général (catalogue d’exposition), Waterloo, musée Wellington, 2023.

Divall C, The British army in Egypt 1801, An Underated Army Comes of Age, Warwick, Helion & Company, 2018.

 

Warmenbol E, Le lotus et l’oignon. Égyptologie et Égyptomanie au XIXème siècle, Bruxelles, Timperman, 2012.